L'ivre est sobre (PV: Naomi)

Sanuye était posée à même le sol, allongée sur le dos. Elle appréciait la douce brise de fin de journée sur sa peau brûlante.
En fait, il suffisait que l'air soit un minimum froid pour qu'elle apprécie.

Elle gardait les yeux clos, inspirant profondément à chaque fois.
S'habituant de plus en plus à cette île. Elle y avait connu Mizua et Yuu qui étaient formidables, surtout Mizua vu qu'elle la connaissait un peu plus que Yuuki.

Elle essayait de faire le vide dans sa tête quand elle entendit des pas derrière elle. Elle connaissait cette cadence, ce mouvement, et souffla.

-Naomi montre toi va. Avec une voix monotone, le seul souvenir qu'elle avait de Naomi, était d'une fille saoûle donc...

Ce jour là, Naomi était comme à son habitude en train de se promener, la tête dans les nuages. Elle avait choisi de venir dans la grande plaine car elle appréciait particulièrement cette étendue d’herbe qui paraissait sans fin, le calme qui y régnait et ce décor aux horizons quasi-nus seulement perturbé par quelques rares arbres plantés par ci, par là.

Elle s’était vêtue d’une fine robe rouge ouverte aux niveaux des cuisses et décorée par de petits motifs jaunes semblables à des flammes.

Tranquillement elle s’enfonçait dans les herbes quand il lui sembla apercevoir quelqu’un au loin, couchée dans l’herbe. Ne parvenant pas à distinguer correctement la personne d’ici, elle s’approcha doucement. Une fois plus près, elle distingua une jeune fille qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer au bar quelques jours plus tôt. A ce simple souvenir elle se sentit vraiment honteuse. Elle continua tout de même d’avancer et à sa grande surprise une voix monotone s’éleva du corps étalé à terre :

« Naomi montre toi va. »

Elles ne s’étaient vues qu’une fois, et la jeune fille à sa simple approche l’avait reconnue sans même lui lancer un regard. Enfin toute proche, Naomi put constater que la jeune femme avait les yeux clos. Elle prit un ton plutôt enjoué pour dire :

« Flattée que tu te sois souvenu de mon prénom… Sanuye. »

Il lui avait fallu environ cinq bonnes secondes pour se remémorer le prénom de la demoiselle, car elle ne l’avait entendu qu’une fois lorsque Mizua l'avait appelée par son prénom et elle n’avait pas forcément une excellente mémoire. Elle se dit que si elle voulait faire bonne impression c'était déjà raté, surtout si on pensait à leur première rencontre...

Un deux trois quatre cinq... cinq secondes à se souvenir du nom de Sanuye, on dirait que l'alcool fait bien les choses chez elle.

Disons que le fait de la voir pratiquemment morte après avoir trop bu chez Mizua influançait quelque peu le jugement de Sanuye envers Naomi.

Elle ouvrit enfin les yeux et la détailla, elle semblait en pleine possession de ses moyens cette fois, et au moins, on voyait clairement qu'elle se doutait de l'impression qu'elle avait donné la dernière fois, elle semblait un peu tendue.

-Tu m'as l'air sobre dis moi! Elle rit un peu froidement.

Sanuye se décida enfin à ouvrir ses yeux de couleur noire pour pouvoir semblait-il détailler Naomi et elle lui fit :

« Tu m'as l'air sobre dis moi! »

Après quoi elle eut un rire quelque peu froid. Naomi n'apprécia pas particulièrement la remarque et rétorqua peu chaleureusement :

« Et bien oui vois-tu, je ne passe pas ma vie ivre. »

Le contact entre les deux femmes paraissait tendu et Naomi se sentait plutôt mal à l'aise avec cette jeune fille au tempérament froid. Elle aurait aimé trouver quelque chose d'autre à dire mais elle n'avait pu s'empêcher de laisser sortir cette phrase amère et maintenant elle ne voyait pas comment détendre l'atmosphère. Elle restait bêtement plantée là debout, toute droite sans rien dire en fuyant le regard de Sanuye et regardait au loin un point fixe et inexistant droit devant elle.

Elle se demandait comment la situation allait évoluer et se dit que vu comment c'était parti les choses ne risquait pas de s'arranger. Dommage, sa première impression sur la jeune femme n'avait pourtant pas été mauvaise quand elle l'avait vue pour la première fois alors qu'elle était ivre.

Elle ne passait donc pas sa vie ivre, bien heureusement! Sanuye sourit, les yeux clos, elle savait répliquer cette fille, mais pas encore de façon réellement sûre!

La respiration de Naomi se faisait rapide, comme tendue, comme incertaine.

"Assieds toi va, mais jusqu'à meilleure preuve du contraire, tu resteras une ivrogne à mes yeux!"

Et son rire froid reprit place.

Sanuye l'invitait à s'assoir et la considérait donc toujours comme une ivrogne. Face à cette remarque et au rire froid de sa locutrice, Naomi ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire gêné. Elle ne prenait pas mal ce jugement qui lui était porté mais elle était tout de même un peu irritée au fond d'être considérée pour ce qu'elle n'était plus depuis maintenant 3 ans.

Elle s'empressa d'accepter la suggestion faite en s'asseyant dans l'herbe à un petit mètre en face de la jeune fille et décida sur un ton tranquil de relever ce qu'elle perçut comme un défi :

« D'accord, j'essayerais de te prouver si l'occasion m'en est donnée de te prouver que je ne suis pas une ivrogne. »

Voyant que l'autre avait refermé ses yeux, la jeune borgne en fut d'abord vexée se disant que Sanuye ne devait vraiment lui prêter aucune attention, puis se remémorant comment cette dernière l'avait reconnue au simple son de son pas, elle se dit qu'elle comptait sûrement beaucoup sur ses autres sens que la vue.

Elle l'entendit s'asseoir, pliant les jambes afin de se mettre en tailleur.

« D'accord, j'essayerais de te prouver si l'occasion m'en est donnée de te prouver que je ne suis pas une ivrogne. »

Elle sourit encore, parce que, Naomi avait encore une fois parlé d'une voix légèrement tremblante. L'assurance n'était pas au rendez vous, mais au moins elle osait lui faire face, même si pas efficace.

"Tu y gagnerais quoi exactement? Ce n'est pas un défi, à moins que tu ne le veuilles vraiment!"

« Tu y gagnerais quoi exactement? Ce n'est pas un défi, à moins que tu ne le veuilles vraiment! »

Naomi sentit comme une pointe d'effronterie dans ces paroles. D'ailleurs tout en Sanuye sentait l'effronterie et la provocation. Comment ne pouvait-elle pas prendre ça pour un défi ? ... Elle était sûrement encore trop immature dans sa tête et elle s'emportait rapidement dans ce qu'elle considérait comme un jeu. Alors elle reprit sa confiance qui était d'habitude toujours présente. Il n'y avait aucune raison qu'elle se laisse intimider par cette "gamine", elle en avait vu des pires... Et sur un petit air malicieux elle rétorqua :

« Oh, je n'y gagnerais pas grand chose à part rétablir une image juste de ma personne. Et cette idée de défi me plait ! »

Plus rien en elle n'indiquait son trouble précédent. Elle s'était un cours instant laissée impressionner par la jeune fille, mais à vrai dire elle appréciait bien ce genre de caractère bien trempé et elle se distrairait peut-être un peu plus que prévu en cette journée aux apparences banales.

« Oh, je n'y gagnerais pas grand chose à part rétablir une image juste de ma personne. Et cette idée de défi me plait ! »

Sanuye rit de nouveau, un défi? Dans ce cas il fallait faire les choses dans les normes voyons!

Elle se tut un instant pour bien réfléchir ce qu'elle pourrait dire, faire, et surtout pour y gagner quelque chose! C'était bien la priorité dans ce genre de situations!

"Un défi donc..." Elle la regarda de ses yeux perçants et extremement noirs "Je veux y gagner quelque chose, vu que me faire changer d'avis sur un sujet quelconque est très compliqué... que pourrait-ce être... ?"

Naomi fixait maintenant Sanuye comme pour parvenir à lire en elle. Que pouvait-elle y gagner ? Rien, absolument rien. Mais à priori elle ne perdait rien non plus. Si elle devait y gagner quelque chose, ce défi ressemblerait plus à un pari non ?

Naomi réfléchit mais elle ne savait pas trop quoi répondre à ça. Les deux yeux continuaient cependant de la provoquer et elle répondit donc sans trop réfléchir :

« J'avoue que je ne vois pas trop ce que tu pourrais y gagner... Mais peut-être voudrais-tu que si j'échoue, l'ivrogne t'offre quelque chose ? »

Elle espérait ainsi que son interlocutrice trouve elle-même comment assouvir son besoin d'obtenir quelque chose dans l'affaire.

» Ah que où je suis? O.o (Naomi)